Proposition de restitution 3D

Les sources

Planche extraite de l´annuaire du département du Jura par Désiré Monnier. Bibliothèque en ligne de Besançon : https://memoirevive.besancon.fr/

Ce dessin reproduit un bas-relief (aujourd'hui disparu) datant probablement du milieu du XVe siècle d'après l'habillement de la jeune femme à droite (mode vestimentaire sous Charles VII), et certainement pas du XIVe siècle comme l'affirme Désiré Monnier dans la légende sous le dessin, l'aménagement d'archères "cannonières" n'étant intervenue qu'à partir du XVe siècle. Cette pierre provenait vraisemblablement soit de l'abbaye de Balerne (après son incendie de 1755 et son démantèlement sous la Révolution) soit de l'ancienne église Saint-Martin de Cognos (aujourd'hui Ney) démolie au XVIIIe siècle et a longtemps orné la façade d'une ferme de Ney qui présente encore sur ses murs extérieurs quelques surprises intéressantes (dont une sculpture de St Martin à cheval déchirant une partie de son manteau pour un miséreux, datable du début XVIe siècle). Balerne et Ney ayant relevé de la protection du fief du mont Rivel appartenant aux sires de Commercy, il est possible qu'on soit ici devant la seule représentation connue du château avant sa ruine. 

Si tel est bien le cas, il s'agirait d'une vue du nord-NE, face à la haute cour, avec la tour ronde au nord-est figurée à gauche et la tour pentagonale nord-ouest à droite. La représentation de machicoulis et d'archères-canonnières confirme un remaniement tardif (XVe siècle) relevé par les archéologues sur les parties nord et nord-est du château. Un pan de mur à gauche en partie ruiné muni d'une archère simple pourrait correspondre aux parties plus au sud datées du XIIIe siècle.

Détail d´un plan de Montrivel vraisemblablement levé dans la première moitié du XVIIIe siècle (la ferme Girod-Genet étant construite et en leur possession à partir de 1722).

Le plan dont un détail est figuré ci-contre semble avoir été levé comme pièce pour un procès en rapport avec un bornage modifié en 1588 entre seigneuries de Vannoz et de Montrivel en remplacement de celui des Commercy (date citée plusieurs fois dans la légende de ce plan). Bien que schématique, la représentation du château semble bien confirmer la présence d'une tour (porterie?) à l'angle nord-est, à proximité de la tour semi-circulaire toujours en élévation partielle, suivie d'un arc de cercle pouvant représenter le soutènement d'une rampe d'accès par l'est. La tour pentagonale est ici figurée à l'ouest (en bas sur le plan dont le nord est orienté vers la gauche). La ferme du Replain est également figurée sur le plateau comme appartenant à Girod-Genet, qui l'avait construite à partir de 1687 (année d'achat de la parcelle), ce qui indique que ce plan daterait de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle. On notera enfin le "jardin du château" figuré sur le flanc sud-est au pied du château.


Annotations du plan sur le plateau sommital : "Replaine de Montrivel Bordée de Rochers, et Le château a laspect du costé du midy sur la pointe du Rocher - maison de Girod Genet"

Tour ronde de l'angle nord-est. Carte postale du début XXe siècle.

On imagine difficilement au regard des quelques vestiges du château qu'il comprenait encore au début du XVIe siècle (alors qu´il est dit avoir été pris et incendié par les français en 1479) 102 retrahants dans les communes de la seigneurie (46 à Champagnole, 15 à Equevillon, 7 à Ney, 15 à Saint Germain, et 18 à Vannoz) mobilisables pour sa défense sur ordre du seigneur. En 1515, une montre d'armes recense l'équipement des hommes comprenant : 98 épées, 20 hallebardes, 11 piques, 8 arbalètes et 2 couleuvrines. Il semble d'après les textes que le château ayant été démantelé depuis 35 ans, cette montre d'armes se soit tenue au château de Vers-en-Montagne. G. Cousin écrit en 1552 à propos de Montrivel (traduit du latin par Emile Monot en 1907) : "Ce château, abattu pendant les guerres, n'est plus qu'une ruine qu'on remarque en passant, et dont on admire encore la construction parfaite en pierres de taille formant arc de cercle. Un escalier en colimaçon permettait de monter à l'intérieur". Il servit plus tard de carrière de pierres, peut-être à la modernisation du château de Vers (au XVIe siècle), et à la construction et l'agrandissement de la ferme du Replain (fin XVIIe à milieu XVIIIe siècle) dont quelques éléments de réemploi subsistent.

Reconstitution 3D

A gauche : Relevé planimétrique effectué par M. Dole (1992) et annotations pour la présente restitution.

A la différence du vieux bourg de Champagnole dont les traces et indications dans les textes anciens sont extrémement ténues, le château du mont Rivel grâce à ses vestiges, aux relevés planimétriques et au décryptage des archéologues permet d'oser une restitution beaucoup moins sujette à caution. Alphonse Rousset en fait une description sommaire (hélas sans citer précisément ses sources) au milieu du XIXe siècle dans son dictionnaire historique du Jura (tome 3 - Equevillon - p. 43). Il semble toutefois avoir confondu basse cour, bourg-dessus supposé, et vestiges du sanctuaire gallo-romain quelques centaines de mètres au nord-est.

A gauche : Relevé planimétrique effectué par M. Dole (1992) et annotations pour la présente restitution.

Toutefois, des zones d'ombre subsistent... En particulier, la localisation précise de l'accès principal est complexe et incertaine. Un texte de 1301 mentionne un accès par porterie à travers une grosse tour... Rien ne subsiste dans les murs encore en élévation qui permette de localiser avec certitude l´emplacement de cette tour, toutefois un mur de remblais bordant le sentier à l'est de la tour ronde pourrait correspondre à son emplacement. Le bâtiment inter-cours assis à l'ouest du fossé central pourrait également correspondre aux fondations d'une tour déportée d'entrée à la haute cour. Dans notre proposition, l'accès principal a donc été supposé à l'est par une première tour porte appuyée contre le rocher au pied de la tour ronde, suivie d'un mur de soutènement bordant et protégeant une rampe maçonnée courbe (*) aboutissant contre la basse cour, à l'est du fossé central. Nous avons considéré à l'ouest une deuxième tour porte (beaucoup plus haute que la première porterie) dont l'accès au sud se faisait par pont-levis depuis la basse cour, suivi d'une passerelle au nord vers la haute cour. Au nord-ouest, le relevé de 1992 figure une structure engagée sur le fossé nord qui pourrait avoir constitué une fausse braie établie au XVe siècle (protection de l'escalier de la poterne nord-est ?).

Enfin, la haute cour ne semble pas avoir comporté de donjon à proprement parler (intégrant une grande salle et le logis du seigneur), mais plus vraisemblablement un logis séparé (la tour carrée à l'est ?) peut-être réformé ou complété par un nouveau bâtiment rectangulaire à l'ouest au XVe siècle, et une tour "maîtresse" (la tour pentagonale au nord) car comportant les murs les plus épais (2 à 3 m à sa base).

(*) Dans sa description de la Haute-Bourgogne (1552-1562) Gilbert Cousin mentionne un escalier tournant permettant de monter à l'intérieur du château.

Dans son ensemble, notre proposition s'attache à être fidèle au relevé planimétrique de 1992 par M. Dole (suivi par un deuxième ci-contre réalisé en 2006 par S. Guyot) malgré quelques extrapolations à partir des relevés de murs interrompus, afin de leur rendre une continuité. La reconstitution des murs et des tours dans leur élévation s'inspire d'exemples de châteaux comtois et contemporains mieux conservés (Le Pin, Présilly, Mirebel, Beauregard, Montjoie-le-Château, Montfaucon, Charencey...) ayant conservé quelques parties en élévation quasi intégrale permettant une interprétation par analogie. Les aménagements des murs (fenêtres, archères, portes) et superstructures (cheminées, latrines, échauguettes, créneaux, mâchicoulis, bretèches) ont été imaginées, sauf mention ou présence explicite sur le site. Les matériaux retenus pour la couverture des bâtiments et des tours sont principalement le bardeau de sapin et la lauze. Les couvertures en tuile plate étant peu courantes dans le Jura jusqu'au XVIe siècle, seuls les aménagements supposés du XVe siècle (corps de logis au nord-est, mur bouclier nord et échauguettes) en sont pourvus dans notre proposition.

Rélevé planimétrique C.N.R.S. / U.M.R. 7044, S. Guyot, 2006.

Survol du château avant l'arrivée des troupes de Louis XI...

Vue d'ensemble de l'ouest.

Vue d'ensemble au pied du flanc sud-est du mont Rivel.

Vue plongeante sur le flanc est du château. En contrebas : grange de Burgille, possession de Montrivel établie le long du chemin vers Champagnole, citée dès le XIVe siècle.

Vue nord-est du château et sa première porterie supposée.

Vue plongeante du nord-est. En contre-bas : vieux bourg de Champagnole et vieille église (à droite). A l'arrière plan de gauche à droite : silhouettes des châteaux de Crillat (22 km à vol d'oiseau), Saint Sorlin (20 km), Beauregard (26 km), Binans (25 km), Châtillon (18 km), Mirebel (16 km).

Vue du nord depuis le plateau sommital. Au fond à gauche : silhouette du château de Chaux-des-Crotenay (12 km à vol d'oiseau).

Vue du nord nord-ouest depuis le plateau sommital. A droite : escalier d'accès à la poterne nord-ouest. Au deuxième plan à gauche : château-Villain (4 km à vol d'oiseau).

Flanc ouest du château.

Vue de l'ouest de l'entre deux cours (haute cour à gauche et basse cour à droite) au dessus du fossé central.

Vue plongeante de l'ouest.

Vue du sud-ouest. En contre-bas à droite : village d'Equevillon.

Vue du sud-est. A l'arrière plan au centre, silhouette du château de Montrond (8 km à vol d'oiseau).

Vue plongeante de l'est. Détail des accès supposés entre tours portes, basse cour et haute cour.

Du XXIe... au XVe siècle, au grand galop !

En 1880 dans l'ouvrage "Champagnole et ses environs", B. Prost écrivait à propos du château : "Quelques pans de mur grisâtres, couverts de lierre, des fondations et des voûtes au ciment indestructible, un pittoresque fouillis de décombres, de mousses, de ronces et d'arbrisseaux, voilà tout ce qui reste de cette grandeur détruite."

C.B. 25.05.2016 22:43

Les modifications apportées au chateau du Mont Rivel font-elles suite à la découverte de nouvelles sources documentaires ?
Toujours du beau travail !

B. SERTIER 30.05.2016 13:27

... de plus, l'épaisseur du mur encore de belle élévation sur le flanc Est semble trop faible (<1 m) pour faire partie d'une ligne de défense de front d'entrée.

B. SERTIER 30.05.2016 13:22

Bonjour, il apparait sur le terrain un reste de rampe d'accès à l'entre-cours central qui suggère l'existence passée possible d'un accès fortifié...

manzoni guy 09.11.2014 17:25

la franchement je n'imaginais pas le mont rivel comme ça ,d'autant plus quand tant que gamins c'etait notre endroit de jeu et randonnée a l'epoque

B. Sertier 09.11.2014 21:58

Cinq siècles ont passé depuis sa dernière occupation... Les murs sont tombés, et les arbres ont poussé !

FR25 24.12.2013 08:04

Sensationnelle cette reconstitution.
J'espère que les prochaines arriveront bientôt pour d'autres forteresses médiévales de la Comté...
Encore bravo !

B. Sertier 24.12.2013 23:01

Merci ! Beaucoup d´idées dans les cartons mais assez peu de plans ou de vestiges suffisamment explicites pour oser une restitution... Mais ne désespérons pas ;)

Commentaires

10.07 | 18:39

Merci pour votre témoignage !

10.07 | 16:42

C'est vraiment merveilleux de pouvoir revoir Arlay et sa forteresse, j'ai vécu d...

24.05 | 08:49

Bonjour, Non désolé je n'ai aucun relevé des vestiges de ce château.

15.05 | 14:07

Bonjour, auriez-vous un croquis concernant le château de St Maurice/Crillat...