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Extrait de carte topographique IGN. https://www.geoportail.fr
Bénéficiant du label "Petite cité de caractère", édifiée au pied du premier plateau, le long de l'ex RN5, Poligny était la capitale de l'ancien baillage d'Aval du comté
de Bourgogne. La ville médiévale s'étire selon un axe quasi nord-sud au pied du flanc ouest de la colline de Grimont sur laquelle était construit le château du même nom. Poligny semble avoir bénéficié
dès l'antiquité d'un sol très fertile (lié à sa position sur le cône alluvial d'origine glaciaire en aval de la culée de Vaux), et avoir cultivé la vigne de façon intense dès le haut moyen-âge.
La culture viticole, bien que beaucoup moins étendue qu'auparavant, est encore bien présente sur les coteaux environnants. Poligny conserve par ailleurs un patrimoine architectural conséquent qui s'étale
principalement du XIIIe au XVIIIe siècle, malgré les nombreux incendies et destructions qui ravagèrent la ville depuis la période médiévale jusqu'à la révolution. Sa statuaire religieuse, en grande partie
du XVe siècle, est exceptionnelle.
Des origines anciennes mais obscures
Dessin reproduisant la mosaique disparue de Tourmont.
Les plus anciens vestiges découverts se situent entre Tourmont et Grozon, à quelques km au nord de Poligny. Il s'agissait de grandes et riches propriétés agricoles ayant livré des structures
gallo-romaines, en particulier deux mosaiques, dont la plus célèbre découverte au XVIIIe siècle a hélas disparu. L'autre (incomplète) est conservée au musée de Champagnole. Ces grandes exploitations semblent
avoir prospéré du Ier au IIIe siècle de notre ère, jusqu'à la période des premières grandes invasions germaniques.
La première bourgade carolingienne
Reconstitution de l'église de Mouthier-le-Vieillard au XIIIe siècle par l'abbé Pidoux de la Maduère (extrait de son ouvrage "Mon vieux Poligny")
La plus ancienne mention médiévale de Poligny (Polemniacum en bas-latin) remonte à 870, à propos du moutier (ou monastère) de Poligny, correspondant à l'actuel faubourg de Mouthier-le-Vieillard
et son église romane, alors à la fois abbatiale et paroissiale. L'église sera remaniée et reconstruite à plusieurs reprises, jusqu'au milieu du XVe siècle pour être délaissée au profit de la nouvelle
collégiale Saint Hippolyte construite dans le bourg neuf. A partir de 1455, l'archevêque de Besançon autorise les habitants à utiliser les parties en ruine pour la reconstruction d'une maladrerie. Seuls demeurent aujourd'hui
le chevet et une partie du transept. Ses structures subsistantes les plus anciennes semblent s'étaler du XIe (chevet) au XIIIe siècle (clocher).
Le bourg neuf du XIIIe siècle
Vue ouest de Poligny en 1552. Dessin de Claude Luc illustrant la Description de la Haute Bourgogne par Gilbert Cousin.
A partir du début du XIe siècle, un château (cité explicitement pour la première fois en 1033 par une charte de l'archevêque Hugues de Salins au sujet du prieuré de Vaux) est
établi sur la colline de Grimont. Les conflits naissants de succession au comté de Bourgogne et la guerre des barons favorisèrent sans doute le déplacement du bourg afin de le rapprocher du château et faciliter sa défense
entre la Glantine et les falaises bordant le pied ouest de la côte de Grimont. Ainsi, cité dès 1248, naquit le bourg moderne entouré d'une enceinte sur ses flancs sud, ouest, et nord, et relié au château par deux longues
murailles toujours en partie conservées. Le bourg, d'une emprise de 9 ha, est aménagé de façon géométrique sous forme d'un long rectangle de 430 m du sud au nord, et 200 m environ d'est en ouest. Trois rues principale
parallèles le traversent dans le sens de la longueur : - la rue dessus (devenue rue du Théâtre)
- la rue du milieu (devenue rue du Collège) qui s'arrêtait
à la rue du Cadran
- la grande rue (qui était rectiligne de la porte Farlay jusqu'à la porte des maiseaux)
L'enceinte du bourg est à l'origine percée
de six portes dont trois sont condamnées dès les XIVe et XVe siècles : - la porte des Maiseaux ou porte de la Boucherie (au sud) - absorbée par des immeubles au XVIIIe siècle
suite au réaménagement des quartiers sud-ouest et à l'agrandissement du couvent des Ursulines, qui obligea la grande rue à obliquer vers l'est
- la porte de Crespin (plus tard porte de l'Horloge)
à l'ouest, située à l'intersection de la rue Voltaire et de la rue du 4 septembre
- la porte Farlay (au nord-ouest) située à l'intersection de la grande rue et de la rue de l'Etang, démolie
en 1784
- la porte de la Fontaine (au nord) condamnée au XVe siècle qui était située au nord de la rue du milieu
- la porte de Nozeroy (au nord-est) : à
proximité de la tour de la Sergenterie, condamnée en 1349 (en pleine guerre de cent ans, par peur des anglais et des Grandes Compagnies)
- la porte de Flageolet aménagée au pied nord-ouest du
château de Grimont, située juste en contre-bas de la route moderne de Chamole, dans le prolongement de la muraille nord, murée en 1460 (d'après Pidoux de la Maduère)
De cette époque
date l'église des Jacobins, achevée en 1275, initialement construite pour devenir la nouvelle église paroissiale sur décision du comte Othon III, elle fut finalement cédée par sa soeur Alix aux Frères Prêcheurs
(ordre Dominicain) qui en firent leur abbatiale. Elle devint ainsi la première églse gothique du Comté de Bourgogne. L'enceinte du bourg s'urbanisa progressivement en suivant une diagonale sud-est/nord-ouest,
et nombre d'hôtels de la noblesse furent aménagés du XIIIe et jusqu'au XVIIIe siècle. Il demeure peu de structures antérieures au XVe siècle, mise à part une quantité importante de caves épargnées
par les nombreux incendies de la ville. Au XIVe siècle les remparts du bourg sont renforcés, et des douves creusées sur les flancs sud, ouest et nord sont mises en eau par la captation des ruisseaux
environnants. Du XIIIe au XVIe siècle, le château comtal de Grimont abrita dans sa tour maîtresse les archives nobles (chartes, sceaux) du comté de Bourgogne. Elles furent par la suite transférées
à Dole.
L'essor de la ville au XVe siècle
Tour de la Sergenterie et clocher de la collégiale Saint Hippolyte.
Le développement architectural religieux de Poligny au XVe siècle doit beaucoup à Jean Chousat. Fils d'un bourgeois de la ville déjà au service du duché de Bourgogne, il devint gouverneur
général des finances du duc de Bourgogne Philippe-le-Bon. Grand mécène, il finança une grande partie de la collégiale Saint Hippolyte, construite entre 1415 et 1457. Egalement sur son initiative, on opéra en
1436 le transfert intra-muros de l'hôpital du Saint Esprit (initialement implanté à l'ouest de la porte de l'horloge dans l'hôtel de la "tour Dagay") au sud de la collégiale alors en construction. Une chapelle y sera aménagée
peu après. A la même époque, Marguerite de Bavière, épouse du duc Jean-sans-Peur et grande amie de la future Sainte Colette de Corbie, favorisa l'arrivée des Soeurs Clarisse
qui fondèrent un monastère dans les bâtiments d'un arsenal que leur céda Jean-sans-Peur en 1415. Elle construisirent la chapelle et le cloître à partir de 1417. Un cimetière sera aménagé autour de la collégiale en construction, des terrains étant progressivement cédés pour
permettre son extension. Du XVe siècle datent également beaucoup de tours et bâtiments civils. Parmi les plus notoires subsistants on peut citer : - l'hôtel des Fauquier-Beauffremont
- la tourelle de l'hôtel de Maillardet
- l'hôtel de Patornay (contre la mairie)
- l'hôtel
du Doyenné
- la tour des Jacobins (ou tour de la Bibliothèque)
- la tour Saint-Laurent
- la tour de Paradvis
A partir de 1458, l'enceinte ouest du XIIIe siècle, devenue trop vétuste et encombrée de maisons débordant sur la courtine, est agrandie et déplacée d'une trentaine de mètres vers l'ouest, jusqu'à
la rive droite de la Glantine. Les anciennes douves sont comblées et remplacées par des jardins aménagés en terrasses. Des tours flanquantes en fer à cheval sont construites tous les 60 mètres. Cette muraille et ses
tours seront entièrement démantelées sur ordre de Louis XIV en 1674. Paradoxalement, les seuls vestiges lisibles de l'enceinte ouest remontent au XIIIe siècle, celle-ci ayant été réformée et absorbée
par les habitations depuis plus de deux siècles au moment de l'annexion. A la fin du XVe siècle, Louis XI, qui avait vécu quelques temps à Poligny lorsqu'il était dauphin, sous l'influence
de son médecin personnel (Jacques Coitier, polinois d'origine), épargna la ville et en fit son quartier général au cours de son entreprise de conquête du comté de Bourgogne. Il renforça les défenses de
la ville et du château de Grimont à partir de 1480.
L'époque moderne et les guerres de conquête
Plan de Poligny levé en 1777. Coll. particulière.
Poligny eut beaucoup à souffrir de la guerre de dix ans. La ville fut incendiée en 1638 et le château de Grimont fut entièrement démantelé sur ordre de Louis XIII en 1643. Ses pierres
servirent à la reconstruction de la ville, et à l'édification d'un mur fermant la ville à l'est à mi-pente : le mur Pélerin. En 1673, pendant la guerre d'annexion par Louis XIV,
Poligny fut à nouveau ravagé par un grand incendie. La muraille du XVe siècle sur les bords de la Glantine fut démantelée. L'hôtel de Clairvaux (ancienne possession des ducs
de Bourgogne depuis le XIVe siècle) est acheté par les Soeurs Ursulines en 1615. Leur couvent est agrandi après la guerre de dix ans pour occuper sa surface actuelle. La porte des Maiseaux fut barrée par les aménagements
du nouveau couvent, et la partie sud-ouest du bourg fut ainsi profondément remaniée. La grande rue fut élargie, et sa pointe sud détournée vers l'est pour s'ouvrir sur la place moderne des Déportés (ancien marécage).
En parallèle, la rue du milieu fut prolongée le long du monastère des Jacobins jusqu'à cette même place. Sur le plan ci-dessus daté de 1777, une partie des anciennes murailles,
portes et tours est encore figurée, mais sur un tracé simplifié, ainsi que le mur Pélerin à l'est (en haut sur le plan).
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