Vue ouest du pic et château de l'Aigle depuis Ilay (C.P. fin XIXe siècle).
Il fut construit sur l'initiative de Jean 1er de Chalon-Arlay en 1304, à la suite d'un acte rédigé en 1301 sur demande des chartreux de Bonlieu auprès de l'abbé de Saint-Claude afin de
délimiter les possessions et droits de justice des augustins de l'abbaye de Grandvaux et celles des chartreux sur la "terre haute" (La Chaux-du-Dombief) et la "terre basse" (Bonlieu, Ilay...) Les heurts intervenus tout au long du XIIIe siècle
entre ces deux abbayes (les chartreux s'étant plaint régulièrement de spoliation par les moines de Grandvaux) justifièrent l'intervention du premier comte de Chalon-Arlay érigeant ainsi ces terres en nouveau fief. Cela lui
permit d'étendre son domaine d'influence plus profondément sur les hauts plateaux du baillage d'aval (sud du département du Jura actuel).
Concrètement, c'était une occasion rêvée
pour assouvir les ambitions des Chalon-Arlay de prendre de plain pied le contrôle des activités agricoles et marchandes du Grandvaux, et d'instaurer des péages sur le transit des marchandises (sel, vin, métaux) entre Bresse et Suisse
(en particulier marchés genevois).
Le château se résumait à un gros donjon polygonal épousant la roche du sommet d'un éperon naturel, barré par un fossé au sud le séparant
du reste de la ligne de crête. Le rocher en forme de piton présente sur tout son pourtour (à l'exception du flanc est) des à-pics d'une cinquantaine de mètres de hauteur le protégeant naturellement de toute tentative
de prise par assaut. Seul flanc plus vulnérable, le côté oriental était un peu plus exposé et le fossé étroit creusé dans le prolongement d'une faille était bordé au sud-est par un mur (glacis)
protégeant l'accès par passerelle en bois à la poterne du château.
Bien que d'emprise très modeste, ce château servirait de relais de contrôle fiscal marchand pour ses maîtres
d'Arlay et allait bouleverser l'histoire locale pendant près de quatre siècles...